Le point sur la stratégie

Comment profiter du cycle d’assouplissement de la Banque du Canada au moyen de FNB

28 oct. 2024

À l’heure actuelle, le marché a intériorisé le fait que la Banque du Canada (BdC) a encore du chemin à faire avant de mettre fin à son cycle d’assouplissement. En fait, une récente vague de données donne à penser qu’elle devrait peut-être réduire les taux davantage que ce à quoi le marché s’attend. Par exemple, l’inflation de septembre était inférieure à la cible de 2 % pour la première fois en près de quatre ans. Compte tenu de la vulnérabilité des dépenses des ménages, de l’affaiblissement du marché du travail et du ralentissement de l’activité dans le secteur de l’habitation, il est évident que les risques de détérioration des perspectives inflationnistes sont à la baisse.

Cela laisse entrevoir une pause pour le taux directeur de la BdC, qui devrait se rapprocher de 2,00 % à la fin du présent cycle d’assouplissement. C’est nettement inférieur aux propres estimations de la Banque quant au taux neutre, soit plus près de 2,75 % (au milieu de la fourchette de 2,25 % à 3,25 %). En effet, il semble que la BdC devra porter les taux directeurs en territoire expansionniste au cours des prochaines années.

Pour le marché, cela signifie que les taux à court terme devraient baisser et que la courbe devrait continuer de s’accentuer, car le segment à long terme demeure stimulé par la dynamique de l’offre et de la demande ainsi que des répercussions des États-Unis. Mais qu’est-ce que cela signifie plus concrètement? Comment devrions-nous nous attendre à ce que les investisseurs sensibles au rendement réagissent à partir de maintenant?

Nous avons d’abord tendance à penser que cela devrait amener ces investisseurs à faire l’une des choses suivantes :

  • transférer leurs placements dans des fonds qui suivent les taux de rendement plus bas sur la courbe (p. ex., placements à terme)
  • ou faire une transition vers des FNB axés sur les dividendes qui offrent des revenus et dépenses plus attrayants dans un contexte de baisse des taux d’intérêt.

Pour mieux comprendre laquelle de ces trajectoires est la plus probable, il est utile de revenir en arrière et d’examiner le comportement des investisseurs dès le début de 2022 et jusqu’en 2023. N’oubliez pas que c’est à ce moment-là que la BdC a commencé à relever énergiquement les taux pour contrer l’inflation élevée dans la foulée de la reprise à la suite de la COVID-19.

À partir des données disponibles du volet du passif du bilan global des banques à charte au Canada, nous pouvons observer quelques tendances claires pour 2022 et 2023 (voir le graphique 1).

Premièrement, à la suite d’une hausse marquée dans la foulée du choc de la COVID-19, les comptes de chèques/d’épargne et les dépôts à préavis ont diminué, car le contexte fondamental s’est amélioré et les taux de rendement sont devenus plus attrayants sur le marché monétaire et les CPG. Deuxièmement, nous avons observé une forte hausse des dépôts à terme fixes alors que la BdC a continué de relever les taux d’intérêt. N’oubliez pas qu’il s’agit essentiellement de dépôts auprès d’institutions financières dont la date d’échéance est précisée, sous la forme de certificats de placement garanti (ou CPG). Troisièmement, les actifs détenus dans les fonds du marché monétaire ont augmenté.

Graphique 1 – Variations des flux de placements au Canada au fil du temps

Graphique 1 – Variations des flux de placements au Canada au fil du temps
Source : Banque du Canada, au 30 septembre 2024.

La transition vers les CPG et les produits des fonds du marché monétaire était judicieuse dans un contexte où la courbe des taux était inversée. En effet, les flux ont accéléré lorsque la courbe des taux des obligations à 3 mois/​10 ans libellées en dollars canadiens s’est fortement aplatie au cours de l’été 2022 (graphique 2).

Graphique 2 – Courbe des taux des obligations à 3 mois/​10 ans libellées en dollars canadiens

Graphique 2 – Courbe des taux des obligations à 3 mois/10 ans libellées en dollars canadiens
Source : BMO Gestion mondiale d’actifs. Au 30 septembre 2024

Cependant, si nous nous dirigeons vers un contexte dans lequel les taux directeurs de la BdC seront en territoire « expansionniste », la courbe des taux à 3 mois/​10 ans en dollars canadiens continuera presque assurément de s’accentuer jusqu’à retourner en territoire positif. En fait, nous avons commencé à voir cette courbe s’accentuer à nouveau au cours des derniers mois. Dans une certaine mesure, cela devrait réduire l’attrait du marché monétaire et des CPG pour les investisseurs sensibles au rendement.

Si cette tendance se maintient, cela sous-entend que les fonds qui se sont accumulés dans les CPG et les fonds du marché monétaire diminueront très probablement au cours des prochaines années. Nous pouvons même estimer à quel rythme cela pourrait se produire. Si nous supposons que la sensibilité des flux dans les CPG et les fonds du marché monétaire est la même qu’elle était en 2022 et en 2023, le graphique 3 et le graphique 4 nous donnent une estimation sur laquelle nous baser. Le graphique 3 montre la relation entre le taux du CPG de 1 an et le montant total détenu dans les dépôts à terme fixe, tandis que le graphique 4 fait de même pour le taux des bons du Trésor à 3 mois libellés en dollars canadiens et les fonds du marché monétaire.

Graphique 3 – La relation entre les fonds détenus dans les CPG et le taux d’intérêt de 1 an

Graphique 3 – La relation entre les fonds détenus dans les CPG et le taux d’intérêt de 1 an
*Observations mensuelles jusqu’en 2010.
Source : BMO Gestion mondiale d’actifs


Graphique 4 – La relation entre les fonds détenus dans les fonds du marché monétaire et les bons du Trésor à 3 mois libellés en dollars canadiens

Graphique 4 – La relation entre les fonds détenus dans les fonds du marché monétaire et les bons du Trésor à 3 mois libellés en dollars canadiens
* Observations mensuelles remontant à 10 ans.
Source : BMO Gestion mondiale d’actifs

Pour ce qui est du graphique 3, si nous supposons que le taux moyen du CPG à 1 an sera de 75 points de base (pdb) inférieur au taux du financement à un jour de la BdC (ce qui est une hypothèse raisonnable compte tenu des écarts historiques), un cycle d’assouplissement potentiel qui nous rapprocherait d’un taux de 2 % correspondrait à un taux de CPG à 1 an de 1,25 %. Cela correspondrait alors à un niveau estimatif juste pour l’ensemble des fonds détenus dans des CPG, soit environ 378 G$ CA. Cela suppose des sorties de fonds de 360 G$ CA dans d’autres produits, alors que les niveaux actuels se situent probablement dans la fourchette supérieure.

Si nous faisons le même exercice pour le graphique 4, nous estimons à 20 G$ CA les sorties des fonds du marché monétaire d’ici là, lorsque la BdC atteindra 2 %.

La question à se poser est la suivante : où ira ce flux? Bien entendu, une partie des fonds finira par être réinvestie dans les comptes de chèques, les comptes d’épargne et les dépôts à préavis, mais nous ne prévoyons pas que le total des fonds détenus sera plus élevé qu’il ne l’est actuellement. Il existe trop de produits offrant un rendement par rapport à ce qu’il était avant la pandémie. Une partie des fonds pourrait également persister et rester investi dans les CPG/​fonds du marché monétaire. Néanmoins, nous prévoyons que les investisseurs sensibles aux taux de rendement seront plus enclins à changer de cap s’ils entrevoient des taux de rendement plus élevés ailleurs, que ce soit au moyen d’une augmentation de la duration ou en faveur de FNB qui offrent des taux de rendement plus attrayants. 

Nous pouvons faire une estimation éclairée en examinant l’évolution des flux de capitaux au cours des dernières années dans la gamme de produits de FNB BMO. 

Le tableau 1 montre la relation entre les écarts (ou l’écart entre le rendement annualisé des distributions du FNB pertinent et du CPG de 1 an de l’indice de référence) et les flux de fonds pour ce FNB au cours de cette période. La deuxième colonne reproduit cette information, mais remplace le taux du CPG à 1 an par les bons du Trésor à 3 mois en $ CA. Nous n’envisageons que des FNB qui sont attrayants en raison de leurs taux de rendement et qui sont axés sur le Canada sur le plan géographique. De plus, nous supposons que le degré de sensibilité au taux de rendement sera semblable pendant le cycle d’assouplissement.

D’après le tableau 1, certains constats devraient être évidents. D’abord, nous pouvons écarter les FNB ayant des corrélations négatives. Puisque nous soustrayons le taux des CPG à 1 an et les bons du Trésor à 3 mois libellés en dollars canadiens du rendement annualisé des distributions, la corrélation avec les flux de fonds devrait être positive (un rendement annualisé des distributions plus élevé signifierait que les flux de fonds sont positifs). Deuxièmement, les corrélations les plus solides sont avec le FNB BMO vente d’options d’achat couvertes de sociétés canadiennes à dividendes élevés (symbole : ZWC) et le FNB BMO canadien de dividendes (symbole : ZDV). Il s’agit dans les deux cas de stratégies axées sur les dividendes qui impliquent un degré de sensibilité plus élevé que celui d’autres FNB qui reproduisent les titres à revenu fixe ou que d’autres qui sont plus axés sur les secteurs. 

Que faut-il retenir? À notre avis, la meilleure façon de se préparer à un contexte dans lequel les flux délaisseront les dépôts à terme et les fonds du marché monétaire est d’envisager des stratégies axées sur les dividendes. Selon nous, les indices ZWC et ZDV sont les plus appropriés. Autre avantage : les produits de dividendes sont admissibles à un traitement fiscal avantageux par rapport aux placements qui génèrent des revenus d’intérêts.

Tableau 1 – Corrélations entre les écarts et les flux de fonds

(ADY – CPG) par rapport aux flux de fonds

(CAC – bons du Trésor à 3 mois en $ CA) par rapport aux flux de fonds
ZWC
0,53
0,53
ZDV
0,34
0,40
ZPAY.F
0,28
0,24
ZWU
0,26
0,41
ZEO
0,23
0,19
ZPR
0,21
0,16
ZEB
0,16
0,22
ZWB
0,08
0,20
ZQB
0,04
0,07
ZAG
-0,13
-0,13
ZRR
-0,13
-0,24
ZVC
-0,14
-0,19
ZST
-0,27
-0,34
ZBBB
-0,32
-0,37
ZLB
-0,49
-0,47

* Les corrélations sont des observations mensuelles qui remontent à cinq ans (30 septembre 2019 au 30 septembre 2024).
Source : BMO Gestion mondiale d’actifs

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